LA HUTTE A L’ANGUILLE
Cinq communes s’y côtoient : Laurenan, St Vran, St Gilles du Mené, St Gouéno, St Jacut du Mené.
Évoquons le village de la Hutte à L’Anguille, point culminant (300m d’altitude) de la commune et situé sur le chemin de l’Etrat. Autrefois appelé la butte à Languille, l’appellation a aujourd’hui été déformée.
La butte indique le point culminant, sur lequel se situait à l’époque, une auberge tenue par la famille Languille. Mal famée, l’auberge est le théâtre de nombreuses exactions de bandits, qui détroussaient et égorgeaient leurs clients et autres marchants de passage.
Le Ninian prend sa source sur la butte, petit ruisseau à proximité du Bois Rillet, pour aller se jeter dans l’Oust et rejoindre la mer au barrage d’Arzal. Le ruisseau de la Rance prend sa source sur l’autre versant au Cas de la Plesse en Collinée pour rejoindre la Manche alimentant au passage l’usine marémotrice bien connue entre st Malo et Dinard.
Cinq communes s’y côtoient : Laurenan, St Vran, St Gilles du Mené, St Gouéno, St Jacut du Mené.
Une chapelle dédiée à St Louis a été érigée par la famille Lanascol en ce carrefour sur la commune de St Gilles du Mené. Abandonnée pendant de nombreuses années, elle a revêtu des habits de lumière grâce aux associations de bénévoles qui veillent à sa restauration. Un pardon a lieu chaque dernier dimanche d’Août.
La hutte à L’anguille représente à bien des égards ce qu’est un carrefour, d’abord par les cours d’eau qui s’y croisent, ensuite pour les humains. Qui s’y sont également croisés. A l’intersection de plusieurs communes, ce lieu est aussi traversé par de nombreuses histoires qui continuent de survivre grâce à la mémoire et la transmission humaine.
La hutte à L’anguille sera de nouveau un lieu de rencontre, au mois de septembre, pour une randonnée collective qui s’appliquera à réhabiliter d’anciens chemins dits « morts », ceux-là même qui continuent d’être empruntés par les fantômes du passé. La randonnée se terminera à la chapelle pour un pique-nique convivial, afin que les voies de communication que nous utilisons soient aussi faites pour la rencontre et le partage, et pas seulement des denrées commerciaux.
« La butte à L’Anguille est tristement célèbre : des souvenirs d’assassinats nombreux s’y rattachent. A la fin du siècle dernier et pendant les premières années de celui-ci, une famille de misérables choisit ce lieu solitaire pour théâtre de ses forfaits. Malheur au voyageur qui s’aventurait seul en cet endroit lorsque la nuit approchait. Si peu qu’ils lui soupçonnassent d’argent, Jean de la Butte et ses frères l’arrêtaient et le dépouillaient ; puis, pour éviter d’être dénoncés, le tuaient impitoyablement. Le corps du malheureux, enfoui à la hâte, mais avec soin, et recouvert de bruyères, disparaissait pour toujours, et avec lui toute trace du crime… »
Extrait du livre : Les Côtes-du-Nord, Benjamin-Philibert Jollivet, 1856
