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Coline DupontNée en 1996, elle vit et travaille à Rennes« de plus en plus, je pense mes projets comme on pense un jardin. comparant celui-ci avec l’espace d’exposition.»
Coline DupontNée en 1996, elle vit et travaille à Rennes« de plus en plus, je pense mes projets comme on pense un jardin. comparant celui-ci avec l’espace d’exposition.»

Associée à Saint-Gilles du Mené, à Saint-Launeuc et à Saint-Vran, Coline Dupont écrit un conte inspiré de témoignages, d’anecdotes et de légendes glanés auprès d’habitants du territoire. Tout débute avec la naissance des eaux, puis l’émergence des arbres pour aboutir aux repas.

Ainsi, Coline Dupont interroge le rapport qu’a l’artiste avec la matière, comme le jardinier avec les plantes ; mais aussi avec la terre, car elle révèle une histoire, une permanence, une identité et, par extension, dit quelque chose de notre relation au territoire. Militant pour une culture diversifiée, elle multiplie les matières, les techniques, les supports en fonction des terrains où elle intervient, passant de la mosaïque à la photo, de la céramique à l’impression sur textile…

Associée à Saint-Gilles du Mené, à Saint-Launeuc et à Saint-Vran, Coline Dupont écrit un conte inspiré de témoignages, d’anecdotes et de légendes glanés auprès d’habitants du territoire. Tout débute avec la naissance des eaux, puis l’émergence des arbres pour aboutir aux repas.

Ainsi, Coline Dupont interroge le rapport qu’a l’artiste avec la matière, comme le jardinier avec les plantes ; mais aussi avec la terre, car elle révèle une histoire, une permanence, une identité et, par extension, dit quelque chose de notre relation au territoire. Militant pour une culture diversifiée, elle multiplie les matières, les techniques, les supports en fonction des terrains où elle intervient, passant de la mosaïque à la photo, de la céramique à l’impression sur textile…

Écouterons-nous s‘éveiller l’eau qui dort ?

Tout commence ici, à Saint-Gilles du Mené, un des points les plus hauts du territoire de LCBC et donc où s’originent de nombreuses sources. C’est tout naturellement que le groupe d’habitants a demandé à Coline Dupont de réagir à la présence de l’eau. C’est là que débute son conte, avec le premier chapitre, intitulé Écouterons-nous s’éveiller l’eau qui dort ?

Elle s’est beaucoup inspirée de légendes existantes qu’on lui a racontées, ainsi que d’une liste exhaustive de sites qui donnent la trame du récit : une fiction dans des sites réels. Pour accompagner son écrit, elle propose une série photographique avec un personnage récurrent, une fée bien entendu, ne sommes-nous pas au pays des fées Margots ? Les fée des sources de la Rance et du Lié seraient les premières nées, jumelles mais aux destins séparés, l’une attirée par la force de l’océan, l’autre par la douceur de la mer.

Au fur et à mesure de l’avancée des eaux, l’une sema un chaos de diorite (Quémelin), l’autre un gué à partir de pierres (La Roche aux cerfs). Avant de se séparer définitivement, elles se retrouvèrent sur le massif granitique de Croquelien : « Si Menez signifie « montagne », c’est que du haut de ce mont, vous pourrez veiller au mieux sur la Vallée », leur dit le sage du Menez.

Les images produites témoignent du talent de photographe de l’artiste. En effet, Coline Dupont parvient à donner trois rendus différents dans un même cadre : la nature est peinte avec une grande précision ; le long temps de pause donne à l’eau l’aspect d’un voile, d’une nuée ; et les corps des fées sont esquissés, tantôt flous, tantôt fantomatiques, comme éthérés. Les roches sont très présentes, seuls témoins du long passé de ces eaux. Leurs formes laissent deviner les chemins pris par les eaux ; avec une douce sensualité, leurs rondeurs et leurs creux érotisent la nature. Si l’artiste se met en scène, nue, l’ensemble est emprunt de pudeur et d’humilité face aux forces telluriques des sites.

Les Arbres se livrent

Saint-Launeuc se situe à l’Est du territoire de LCBC, où la forêt est très présente. Le groupe d’habitants a souhaité que Coline Dupont s’intéresse aux arbres, pour leur impact paysager, le bien-être qu’ils procurent et leurs liens aux légendes (on n’est pas loin de la forêt de Brocéliande). L’artiste porte son attention sur la forêt de la Hardouinais, une propriété privée de 5 hectares qu’elle veut rendre publique avec une installation photographique au cœur du village.

Après avoir conté l’origine des sources à Saint-Gilles du Mené, l’histoire se poursuit avec ce deuxième chapitre intitulé « Les Arbres se livrent », où les arbres nous racontent que l’eau, afin de ne pas s’évaporer, a eu besoin d’ombres pour la protéger, mais aussi de structures renforçant ses rives pour éviter les coulées de boues. Avec cette histoire, Coline Dupont saisit l’occasion d’évoquer les différentes fonctions écologiques des arbres, tempérant l’air et l’humidité, assurant la biodiversité et organisant l’espace.

Comme elle a réalisé ses prises de vue en hiver, alors que l’exposition est estivale, elle donne à voir les branches dépourvues de feuilles ; les squelettes des arbres prennent des allures de fantômes rappelant les nombreux contes où les personnages se sentent menacés, perdus dans la forêt. Elle joue ainsi sur cette équivoque entre péril et protection. Mais les arbres décharnés deviennent surtout le prétexte à un jeu graphique dans une installation où les images sont imprimées sur plexiglas, avec une technique proche du cyanotype au sens où une seule teinte apparaît sur des fonds laissés translucides.

Les panneaux prennent ainsi la couleur du décor alentour.

Enfin, elle réalise une grande photo nous plongeant dans une quasi-abstraction. Elle focalise sur un détail de la chaufferie centrale du village, où l’on voit l’usage contemporain qui est fait du bois de ces arbres.

L’arbre

Emile Verhaeren

Tout seul,
Que le berce l’été, que l’agite l’hiver,
Que son tronc soit givré ou son branchage vert, Toujours, au long des jours de tendresse ou de haine,
Il impose sa vie énorme et souveraine Aux plaines. Il voit les mêmes champs depuis cent et cent ans
Et les mêmes labours et les mêmes semailles ;

Les yeux aujourd’hui morts, les yeux
Des aïeules et des aïeux
Ont regardé, maille après maille,
Se nouer son écorce et ses rudes rameaux.
Il présidait tranquille et fort à leurs travaux ;
Son pied velu leur ménageait un lit de mousse ;
Il abritait leur sieste à l’heure de midi
Et son ombre fut douce
A ceux de leurs enfants qui s’aimèrent jadis.

Une Terre de culture

En Bretagne, on n’est pas toujours en accord sur nos modes de productions alimentaires, de l’intensif au bio, de l’export au circuit court… Mais ce qui est sûr, c’est que le repas nous rapproche et nous rassemble ! Le groupe de Saint-Vran a demandé à Coline Dupont d’étudier le chemin de fameux produits bretons, de la terre à l’assiette.

Le troisième chapitre du conte écrit par l’artiste est donc « Une Terre de culture », où elle choisi de intéresser plus particulièrement aux systèmes de distribution, pas nécessairement financiers : l’échange d’un bon plat contre le plaisir de faire plaisir, l’échange d’un produit de qualité contre l’engagement d’écocitoyens, l’échange du savoir-manger contre le savoir-faire. Le conte est composé d’écrits épistolaires que des habitants auraient découverts et qui semblent tisser des liens d’un auteur à l’autre. Les lettres évoquent trois situations.

Annick, une habitante de Saint-Vran qui, tous les vendredis, confectionne des galettes et les distribue gratuitement autour d’elle. Jean-Pierre, chef à Saint-Caradec, qui cuisine le cochon et vautres produits locaux ; son approche est à la fois sophistiquée et populaire. Enfin, Dominique, Dimitri et Ronan élèvent des cochons à Plessala, avec un soin proche de la thalassothérapie !

Coline Dupont montre des images crues, mais elle a choisi d’interpréter ces trois exemples en utilisant différentes techniques photographiques dédramatisantes : la bichromie, imitant les couleurs passées des photos anciennes ; la trame et les couleurs pop, rappelant les cartes postales de recettes de cuisine. La viande y devient tantôt sensuelle, tantôt d’un rose surréel. La présentation des recettes, des produits sous-vide ou des repas, sous forme de cases comme dans un catalogue, est adoucie par l’usage du noir et blanc, qui fait appel à la mémoire. Tout cela a traversé le temps, mais demeure tout de même actuel.

Les récits dans ce chapitre permettent aussi à l’artiste d’apporter des informations très précises et documentées, par exemple, sur l’histoire de l’élevage des cochons ou sur des formes alternatives à l’élevage conventionnel ; d’autres écrits, teintés de nostalgie, traitent de la transmission et de la permanence des savoir-faire.

Dans ce souci de transmission, l’artiste et le groupe d’habitants ont décidé d’installer les photographies sur un espace de la commune qui n’a pas vraiment d’attrait patrimonial ou architectural, l’îlot des logements sociaux, qui se voit ainsi amarré au cœur du village.

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